Jean Carzou (1907-2000)

Jean Carzou, de son vrai nom Karnik Zouloumian est un peintre, graveur et décorateur français d'origine arménienne, né à Alep (Syrie) le 1er janvier 1907 et mort à Périgueux (Dordogne) le 12 août 2000.

Il étudie d'abord chez les Pères maristes. En 1924, ses brillants résultats scolaires à l'école Kaloustian du Caire (Égypte) lui valent une bourse de la communauté arménienne.
Après une longue carrière de peintre, graveur et décorateur de théâtre, il s'était lancé, âgé déjà de 83 ans, dans une gigantesque Apocalypse dont il avait paré les murs de l'église de la Présentation à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence). Non pas l'illustration littérale de l'Apocalypse de Saint-Jean, mais « le climat de notre époque » peuplée d'horizons dévastés, de navires embrumés, de rails enchevêtrés et de blockhaus traduisant sa hantise de la guerre et de l'holocauste. Il y a notamment réalisé un superbe portrait de femme-arbre au visage de Madone, délivrant au monde un message d'éternelle humanité.Il rejoint Paris pour des études d'architecture. À l'approche des années 1930, il « fait des ronds, des carrés » à Montparnasse. Il vivote grâce à ses caricatures d'hommes politiques publiées dans la presse et à ses dessins sur tissus. Il peint « loin des écoles », faisant l'expérience nécessaire à l'aboutissement de ses personnages de « peintre-artisan » comme il se nomme.

Depuis 1939, il a organisé plus de cent expositions particulières de ses œuvres à Paris, en province et à l'étranger. Il participe aussi à plusieurs expositions officielles organisées par la France hors d'Europe, et reçoit le prestigieux Prix Hallmark à trois reprises (en 1949, 1952 et 1955).

Ses expositions les plus marquantes auront ainsi pour thème « Venise » (1953), « L’Apocalypse »(1957), « Figures rituelles » (1968) et jusqu’à « Versailles » (1994). Depuis son arrivée à Paris jusqu'en 1992, il a exposé au Salon des Artistes Indépendants, société d'artistes à laquelle il avait adhéré dès 1929, dont il est devenu sociétaire le 11 février 1941, envers laquelle il marquait un grand attachement et à laquelle il a été fidèle jusqu'à la fin de ses jours alors qu'il connaissait la célébrité.

Carzou ne se contente pas de peindre des toiles bleues et singulières. Il enchâsse ses tableaux et ses aquarelles dans des médaillons de velours ou de papiers dentelés. À certains critiques d'art qui le qualifient de « décorateur », il lance « vous aurez de la peinture mais aussi du théâtre ». En 1952, sa réalisation du décor et des costumes pour l'acte des Incas des Indes galantes de Jean-Philippe Rameau à l'Opéra national de Paris le révèle au grand public. Il enchaîne avec Le Loup (1953) pour les Ballets de Roland Petit. Giselle (1954) et Athalie (1955) ravissent les spectateurs de l'Opéra et de la Comédie-Française.

En 1977, Carzou dessine lui-même son épée d'académicien avant de faire son entrée à l'Institut des Beaux-Arts au fauteuil de Jean Bouchaud. Pourfendeur du laxisme de la société moderne en général, et du cubisme en particulier, il estime que Picasso est « une personnalité qui ne fait pas de la peinture ». Seuls Claude Lorrain, Watteau et Dali sont, selon lui, « de grands peintres ». Il achète aussi des œuvres de ses collègues peintres figuratifs, et notamment de Maurice Boitel à la galerie Drouet, Faubourg Saint-Honoré, au début des années 1980.

Auteur d'une importante œuvre lithographique et d'illustration (Les Illuminations de Rimbaud) et de tapisseries, décorateur de chapelle de l'église du couvent de Manosque devenue Fondation Carzou en 1991, l'artiste a vu son œuvre consacrée en 1986, à Vence (Alpes-Maritimes), avec l'ouverture d'un musée à son nom, mais qui sera fermé quelques années plus tard. Le centenaire de sa naissance y sera célébré durant l’été 2007dans le cadre de « Arménie mon amie ».

Auteur également d’une vaste œuvre graphique et de plusieurs tapisseries, il achève en 1991 plus de 600 m² de peinture sur des thèmes repris de l’ « Apocalypse » de 1957 dans le cadre d’une chapelle de Manosque (Alpes de Haute Provence) qui deviendra le siège de la Fondation Carzou.

Il était Officier de la Légion d'honneur, Commandeur de l'Ordre national du Mérite et Commandeur de l'Ordre des Arts et des Lettres.
Il est décédé le 12 août 2000 à Périgueux près de son fils,  à l'âge de 93 ans.

La France, la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Liban, l'Égypte, le Japon ont accueilli plusieurs de ses expositions d'encres, de crayons, de gouaches ou de pastels étranges.


Directeur de la Publication : Grégory Mazet : Conception, hébergement : Bixis
Droits de reproduction des oeuvres sous copyright