Armand Petersen (1891-1969)

Armand Petersen (1891-1969)

De son œuvre ne sera retenu que le souvenir du sculpteur animalier, choix qui lui fit partager une époque appelée "âge d'or", celle des années 30, dominée par des figures restées à juste titre célèbres, car elles marquèrent toute la génération en imprimant un style à un groupe d'animaliers dont il fit partie.

Sa carrière démarra en Suisse mais c'est en France qu'il fut reconnu aux côtés des meilleurs et des plus grands, Pompon et Sandoz, qui joueront un rôle prédominant dans l'élaboration de son œuvre et de sa connaissance.

Il est intéressant de suivre un descendant de Pompon qui, tout en assimilant ses principes sut garder une certaine originalité dont on ne voit guère d'exemples, en alliant plusieurs talents, renouant avec sa formation d'orfèvre pour arriver à l'œuvre précieuse et souvent unique. 
Une grande continuité et un souci de perfection sont les caractéristiques d'un homme, artiste de rigueur qui sut évoluer sans heurt malgré les coupures imposées par les circonstances de sa vie qu’il sut surmonter, bénéficiant d'opportunités qu'il saisit, tributaire cependant d'une époque troublée et de son refus de la facilité.

1891 - Naissance d'Armand Petersen le 25 novembre. Son frère aîné, Georges, mégissier comme son père, lui succédera à la tannerie de la Hantes, à Beaumont. Les Petersen sont d'ascendance danoise. Ils parlent et écrivent en allemand et en français. Après ses études, Armand Petersen entre à l'Ecole d'Arts Industriels à Genève, dans la classe d'orfèvrerie ...

... et de ciselure.

Edouard-Marcel Sandoz, avec dix ans d'écart, suivra la même formation. Il jouera un rôle prépondérant dans les manifestations d'art animalier en organisant des expositions annuelles. Armand Petersen et Edouard-Marcel Sandoz seront amis.

En 1914, Petersen arrive à Paris pour y poursuivre ses études. Il habite 9, rue Campagne Première (XIVème). Pompon a son petit atelier au 3 de la même rue, mais ils ne se rencontrent pas.

A la déclaration de la guerre en août 1914, il part à Budapest, entre à l'Ecole Centrale d'Art et se destine à l'orfèvrerie. Il voyage, visite Rome et ses musées dont il gardera des photos de sculptures principalement, Venise et Florence. Puis, on le retrouve à Munich et à Zurich en tant qu'étudiant dans les écoles d'Arts Appliqués, toujours dans la section ciselure et le travail du métal.

Pendant quatre ans, il rentre dans l'atelier d'un sculpteur hongrois, Bêla Markup, qui l'initie au modelage. Sculpteur animalier, il lui fait découvrir les animaux au parc zoologique de Budapest nouvellement ouvert en 1918. Sculpteur monumental, il apprendra à son élève à considérer le point de vue de l'œuvre, à sa présentation sur un socle faisant partie intégrante de la composition pour la mettre en valeur et la rehausser au regard. On peut mesurer le sérieux de la formation de Petersen et comprendre son goût pour le fini de chaque œuvre dont on saluera à juste titre la précision.

En 1921, il retourne en Suisse par Munich et Vienne.

De 1922, nous conservons le dessin d'une timbale en argent pour la Société d'Escrime et de Culture Physique de Baie, destinée au championnat-témoin de l'excellence de son métier II excelle dans la ciselure et l'orfèvrerie.

Sculpteur en 1923, il remporte la commande d'un portrait de chien Danois "Rex" (n° 26). Il travaille au plus près de la réalité, mesure l'animal, se réfère a des photos de face, des deux profils et de trois-quart. Il gardera cette habitude, mais plus tard en ... 

... fera la synthèse. C'est un portrait fidèle, proche du naturalisme des sculpteurs du XIXeme, et déjà un choix pour l'attitude attentive manifestée par une grande tension musculaire.

L'animal se présente sur un piédestal monumental à une échelle réduite, étudié soigneusement à part au moment de la fonte. Il gardera ce procédé jusque dans ses dernières œuvres. Simples croquis au crayon ou à la plume spécifiant les dimensions et souvent la matière. Ces dessins sont conservés en partie. 
Le modelé du Chien est nerveux, sec, près de l'os et du muscle. La lumière frappe durement la surface polie et lisse d'où saillent les muscles. Mais en même temps, il modèle un torse qu'il conservera et traduira en grès tardivement.

D'une facture toute différente, beaucoup plus sensible et monumentale, cette œuvre se rattache au courant classique de la sculpture française et fait penser à Maillol et à Wlérick par son modelé vibrant auquel d'ailleurs il reviendra. 
En fait, il a le souci de la construction de la forme et de son architecture monumentale. Quand il arrive de nouveau à Paris en 1924, il fait éditer son Danois chez Thinot, selon le procédé de la fonte au sable, alors que par la suite, il privilégiera la fonte à la cire perdue comme presque tous les animaliers.

On retrouve la trace de son adresse en 1925 sur une facture d'outils pour le métal de Munich au 5, rue Humbolt (XIVème) (20/02/1925), chambre sans atelier. 
Il s'installera par la suite dans un atelier logement Villa Chauvelot (XIVème).

En 1924, l'art animalier est en plein essor. Pompon, révélé en 1922 au salon d'Automne par son grand Ours Blanc, regroupe au Jardin des Plantes des jeunes animaliers qui étudient les modèles sur nature en suivant ses conseils.

Il représente la voie nouvelle dans la tradition du métier.

En 1924, un grand Pélican montre sa maîtrise. Petersen s'en souviendra. Edouard-Marcel Sandoz lui aussi sculpte et modèle. Il pratique la taille directe du marbre et des pierres de couleur. Son talent s'étend de la figure aux animaux. Son atelier, Villa d'Alésia, abritera une sorte de ménagerie. Petersen aimera y aller, seul ou accompagné de sa femme et de sa fille.

Les animaliers exposent en groupe annuellement au sein de la Société des Artistes Animaliers Français.

Le choix de l'animal s'affirme en 1926, Petersen travaille à la fauverie du Jardin des Plantes et se joint au groupe des adeptes de Pompon qui enseigne sa méthode sur le terrain. C'est une école de plein air, sans règle mais dans l'amitié et l'émulation. 
Pompon impose une conception de la réalité tout en restant très proche de la vérité, basée sur la vision du volume global de l'animal sans s'attacher à des détails mais à son aspect mouvant dans la lumière, donc sans creux ni ombre. Cette méthode mise au point au fil des années lui avait permis d'arriver à la netteté de la forme, véritable découpage dans la lumière, fruit d'une synthèse du mouvement, de la vie animale et de l'espèce, cernée par une ligne "sans bout".

C'est l'étude dans la vie courante, sans geste ni sujet, mais avec une vraie compréhension du caractère de la bête, sensible dans la caresse de la forme qui provoque la tendresse. Petersen retiendra cet aspect très tôt en prenant comme modèles des animaux à peine sortis de l'enfance, comme l'Eléphanteau (n°40) attendrissant. 
Il y avait de quoi faire réfléchir celui qui se mettait à l'étude et au service de l'art animalier. Petersen va profiter des résultats de cette ouverture vers la réalité et la simplicité. Il possède une technique très précise, le cubisme ne l'attire pas. Il est tenté par la variété des modèles dont l'élégance sert l'art décoratif et l'exotisme à la mode, comme les Gazelles, ses premiers modèles.

Ce n'est donc pas un hasard si Edgard Brandt, ferronnier d'art et propriétaire d'une galerie d'art appliqué à la décoration, le remarque. Mais il garde un pied en France et l'autre en Suisse où il a plusieurs possibilités d'exercer ses talents en orfèvre et en sculpteur.

La galerie Brandt a organisé une rétrospective de l'œuvre de Sandoz, sorte de prélude aux expositions salons qui feront la gloire des animaliers à cette époque, tant par leur qualité que par la diversité des techniques dans tous les domaines exploit par les décorateurs. 

Dans l'équipe des animaliers attachés à la galerie Brandt, Pompon, Sandoz, Hernandez, le meilleur de l'art s'y rencontre, orienté par le souci de la tradition du métier. Il faut penser que le répertoire de Petersen comporte déjà suffisamment de modèles pour répondre aux exigences des expositions.

Le voile se lève en 1927 quand Armand Petersen se marie avec une journaliste belge, Sabine Demestre, mère d'une petite fille née d'un premier mariage. Elle va le convaincre de sortir de sa réserve, l'aidera par son métier à révéler une œuvre déjà parfaite dans une série de ...

... modèles restreinte mais témoignant de son engagement à l'art animalier depuis un certain temps.

Grâce à son abonnement à l'Argus, on peut suivre l'ascension du sculpteur.

Les Antilopes étudiées couchées, broutant sont vues dans une attitude constante, calme, mais toujours aux aguets, prêtes à bondir. 
Le mouvement à venir peut se deviner grâce à la tension contenue et à la direction des lignes, très fermes, précisant le contour ainsi que l'attention soulignée par les oreilles à l'écoute et une torsion de la tête vers la source du danger qui pourrait surgir.

Ce genre d'expression de l'instant révèle un sentiment naturel chez une bête sauvage. Petersen fera toujours une différence entre la catégorie des animaux dits sauvages et domestiques, entre l'insécurité et la vie paisible. Il sait décrire le mouvement, étudié dans le groupe des trois Canards (n°l6). La marche se lit par étapes successives et par enchaînement. L'écart des pattes, l'allongement du cou, donnent des lignes dynamiques. 

Le Bison (n°11) avec l'opposition du corps lisse et de sa crinière, son dynamisme contenu, se ressent de l'influence reçue. 

En Suisse, Petersen a des amis et des collaborateurs animaliers : Pierre Wildes, qui œuvre pour la ville de Bâle. De cette époque et sans doute (rapport avec les crédits de la ville, date un Corbeau en bronze sur une terrasse ovoïde dorée, étendant ses ailes manteau au dessus d'une fontaine, réalisée pour sa ville natale. 
A Paris, il expose au XVIIème Salon des Artistes Décorateurs au Pavillon de Marsan, du 10 mai au 10 juillet 1927 : Les Biches couchées (n° 3), broutant (n°6) bronzes.

Le groupe de Canards (n°l6) bronze, L'éléphant d'Afrique (n°40) plâtre-modèle du Zoo de Zurich. 

Le grand départ de la carrière de Petersen animalier est dû à son engagement dans l'art décoratif et à son talent d'orfèvre, le rangeant parmi les artistes décorateurs.

La première exposition des "Animaliers" s'ouvrit dans la galerie Brandt du 15 novembre au 15 décembre 1927, en réponse au salon des Artistes et Peintres de la Société d'Armand Dayot, en début d'année à l'Hôtel Charpentier.

La critique remarque ce nouvel artiste qui n'est pas jugé comme un débutant. Maximilien Gauthier, salue son métier et ses sculptures "nobles masses, mais comme onctueuses, grandes en dépit de leur format bibelot", Pierre Mùller écrit un article élogieux dans "Paris Midi" repris dans le "Journal de Baie". 

La "Rumeur, l'Illustration, Comoedia, L'Art et les Artistes, l'Intransigeant, le Journal de Baie, le New-York Herold", citent cette première manifestation et on peut mesurer l'impact du métier de Sabine Petersen qui a su mobiliser la presse.

Ces salons dureront jusqu'en 1939, ils sont les témoins d'une époque rare où s'associeront décorateurs, peintres et sculpteurs animaliers, le mobilier, le fer forgé, les verriers.

L'atelier se trouve 11, rue Jean Dolent, XIVéme, adresse relevée sur des études de socles commandés, conçus toujours en manière de piédestal en bois, en marbre.

1928, année décisive pour Petersen qui tout en restant très intégré au groupe des animaliers autour de Pompon va exposer personnellement ailleurs qu'en France, à Bruxelles, II sera remarqué à Paris où la galerie Brandt et des décorateurs comme Leleu l'ont adopté.

Sculpteur franco-suisse, il gagne le premier prix attribué par la ville de Bale sur ses crédits réservés à son embellissement pour une sculpture de plein-air, projet concernant un terrain de jeu pour les enfants et à leur taille. Petersen fut choisi pour son Veau d'or, veau nouveau-né à grandeur naturelle. Son originalité lui valut une récompense de 1.500 fr (n°92).

Le projet sera réalisé en pierre à Baie, puis exposé à Paris au Salon d'Automne, tandis qu'on salue ses modèles en tant que bibelots précieux.

A la suite de la première exposition des Artistes Animaliers, la Galerie Brandt garde les oeuvres déposées et les intègre dans une manifestation plus large : Le Mouvement des Arts Appliqués (janvier-février 1928) où Petersen se retrouve aux côtés de Camille Roche, peintre, RenéeParis, Sandoz, Bigot, Renée Vautier, Artus et Pompon, sculpteurs.

Au salon des Artistes Décorateurs: Antilope Couchée, Panthère à queue horizontale (n°63) - bronzes.

La fin de l'année verra trois expositions majeures:

·         Le Salon d'Automne - en décembre avec: Veau nouveau-né plâtre projet accepté par la ville de Bale. Le symbolisme du Veau d'Or n'y est pas remarqué... "Inoubliable dans sa candeur touchante".

·         La IIème Exposition des Artistes Animaliers - Galerie Brandt: Antilope broutant, Hippopotame, Eléphanteau, Groupe de Canards, Gazelle couchée, Panthère - bronzes. 
Chavez, dans La Liberté, parle de la pureté des bêtes de Pompon et pour les autres de réalisme avec Trémont, Petersen, Renée Paris, de stylisation pour Hernandez, des recherches de Sandoz. 
Deux tendances dans l'art animalier : la tradition, venant de Barye et une autre qui "procède par allusion et s'emploie à mettre en valeur les traits essentiels et à rendre le caractère de la bête...(Figaro Artistique 6/12 1928 G.Paturelle). 
En fait, les Animaliers ne se rangeaient ni du côté du cubisme, ni des abstraits, leur art était orienté par la stricte observation de la nature et le métier traditionnel, pour arriver à un nouveau réalisme simplifié, suggestif retraçant l'espèce et le caractère d'une bête évoluant dans un milieu plus on moins naturel, dans sa vie quotidienne, avec une forme lisse dans la lumière. 
Le répertoire était multiple, cependant l'étude en groupe de mêmes modèles donne une homogénéité au style des Animaliers influencés par Pompon et même à ceux qui l'ignoraient, comme Hernandez, tailleur de pierres dures, taille directe sans modelage, le menant à une surface polie brillante, proche des représentations de l'Antiquité, de l'Assyrie et de l’Egypte très souvent évoquée.

·         Exposition personnelle à Bruxelles au Palais des Beaux-Arts. Cette exposition, due à Sabine Petersen, belge, jouera un rôle déterminant sur le début de la carrière du jeune animalier franco-suisse tout en lui donnant une certaine indépendance dans le groupe des animaliers. La presse en parlera tous les jours, forcera l'attention tant en Suisse qu'en France où il s'est installé. On découvre la grâce et la sensibilité, l'exécution soignée des bronzes à la cire perdue, leurs chaudes patines. L'Antilope Broutant (n° 6), la Gazelle au dos rond. (n°7), le groupe de Canards (n°l6) - bronzes remarqués, le Bison (N°12 en grés.
L'élégance des modèles, le choix de ces types d'animaux, leur sens décoratif est souligné, la nervosité et la forme vivante des formes. 
Les modèles "dans leur aspect de bibelot précieux ont de la grandeur".

L'Hippopotame exposé en "aggloméré", grès fin de Sèvres, prélude aux accords entre la Manufacture dont le directeur, Le Chevallier-Chevignard, a remarqué les animaux de Petersen à la galerie Brandt. Désireuse de renouveler ses modèles, la Manufacture cherche dans l'art contemporain des oeuvres pour les adapter à sa matière récente, le grès tendre coloré donnant un tout autre rendu que le biscuit, la faïence blanche et brillante.

En 1928, Petersen dépose trois plâtres à la Manufacture. Des éditions en bronze et en céramique ont été réalisées et exposées dans les mêmes temps, mais elles différaient par leur taille, souvent dues à la suppression des terrasses si bien qu'il pourra affirmer de bonne foi "qu'aucune reproduction de l'œuvre n'a jamais été éditée" et il est vrai que certains modèles ont été adaptés à la céramique.

L'aspect financier, la diffusion des oeuvres par la Manufacture, ses expositions et ses magasins de vente, présentaient l'avantage de pouvoir exposer une oeuvre semblable en des matières différentes à plusieurs endroits, montrer ses divers aspects en réservant au bronze une place à part, car plus coûteux, et plus précieux par sa patine et sa ciselure nécessitant un travail personnel pour chaque épreuve. 
En s'engageant avec Sèvres c'était s'engager dans le mouvement de l'art décoratif et suivre l'exemple de son ami Edouard-Marcel Sandoz qui, depuis 1921 éditait à Sèvres et à la porcelaine de Paris, chez Havilland. 
Au 19ème Salon de l'Eclectique, il exposera avec les décorateurs Jules Leieu et Edgard Brandt grand rassembleur et promoteur de l'art animalier sans "isme".

Pour confirmer la place occupée par Petersen dans l'art animalier et rendre compte de ce talent récemment découvert, A. H. Martinie écrit un article dans Art et Décoration sur son travail et la conception de son métier de sculpteur orfèvre par sa formation et son premier choix, son évolution. 
La comparaison avec Pompon s'impose mais son indépendance et son originalité différent par son expression d'impression d'insécurité par ses bêtes toujours sur le qui-vive. A la différence de celles de Pompon "qui sont naturellement des bêtes du Bon Dieu, sans frayeur peut-être parce que sans malice et sans péché" Cette particularité d'expression subtile traduite par des formats d'une plastique vivante fait de Petersen un animalier de talent, qui sait communiquer au langage courant un accent personnel".

En 1929, deux ans après sa "découverte" Petersen fait partie des meilleurs animaliers. On le cite après Pompon et comme son émule. Son grand Ours de pierre entre au Luxembourg, suprême consécration d'un artiste novateur connu âgé par ses ...

... premiers modèles, après des recherches obscures pendant une vingtaine d'années, devenu chef de la jeune école. Après Sandoz, artiste à part, complet par la diversité de son oeuvre, l'importance de son atelier et son pouvoir financier mis au service de l'art animalier. 
Après Mateo Hernandez, champion de la taille directe, orgueilleux représentant de la noblesse et de la suprématie de son métier, capable de s'attaquer aux pierres les plus dures pour ses animaux et ses bustes.

Pour se mesurer aux grands, Petersen va se tourner vers la taille naturelle qui, sans être monumentale reflète la vérité. Il montre sa capacité en s'écartant de l'objet de vitrine.

Son oeuvre maîtresse, le Veau (n°92) traduite en pierre à Baie, exposée à Paris en plâtre moulé dessus sera très remarquée à la fois par son format et le sentiment qui s'en dégageait plus que le symbolisme biblique du veau d'Or, lourd de sens. 
Les Canards : Bec dans le cou (n°19), plein de tendresse et la Cane (n °20) étudiés taille naturelle contrediront les petits modèles d'auparavant.

Témoins de l'amour et du bonheur de vivre dans une forme très épurée, sans aucune concession au détail, volume global cerné par une ligne contour sans faille, moelleux et tout en rondeur, dans une simplification qui ne sera jamais dépassée. 
On le verra dans une dernière oeuvre, l'Oie domestique 1966 (n° 57ter), l'Anon (n°l) prélude une série qui l'occupera jusque dans les années 40, campera sa jeunesse triomphante et son caractère têtu, représentation et spécialité du sculpteur de la vision de l'enfance pleine de promesses.

Il signe des contrats avec la manufacture de Sèvres en juin pour sa Biche couchée revue pour la réalisation en biscuit : à travers deux modèles (N° 1 et n° 2) 
En plusieurs tailles uniquement pour la céramique, dans un traitement sec. 
L'Hippopotame, (n° 49) et le Bison (n° 11) seront édités sans base, à la différence des bronzes. 
Coq (n°33), Oie (n°57), bêtes de la ferme, animaux domestiques seront étudiés en même temps que les pensionnaires du Jardin des Plantes, choisis parmi les Antilopes pour la beauté de leurs cornes : Guib (n°8 ) en mouvement, Cobé (n°9) renouvelleront le répertoire, et l'augmenteront, les expositions se multipliant. 
La Biche couchée (n°3) sera agrandie : traduite dans le bronze, elle représentera l'époque de la beauté des fontes Siot.

L'année 1929 sera marquée par une série d'expositions:

·         En janvier le Groupe des Onze-Galerie Simonson où Petersen expose en invité avec Anna Bass. Le groupe est composé de peintres tels que Desvallieres, Gervez, Jojoubert, Laprade, Léon Lang, Deshays, Paul Vera... 
Chantecler explique la participation de l'animalier invité en tant que sculpteur de grand talent "... Le rare du groupe des Onze qui manque de liaison vient de ses sculpteurs ; vivantes et justes figurines d'Anna Bass et surtout des purs animaux décoratifs de Petersen, celui-là sait mener une ligne tout au long de sa pureté la plus achevée..."

·         L'Art français en Belgique au Palais des Beaux-Arts Bruxelles du 15 avril au 15 juin "Panorama de l'impressionnisme à nos jours"- Anon et Veau seront exposés.

·         Salon d'Automne du 3 novembre au 18 décembre. Veau, plâtre pris sur la pierre (n°92) - Le Veau a été placé dans le SolitudPark à Bale. Veau sympathique, "bien vu" selon Luc Benoist qui, dans le Crapouillot parle de simplification chinoise. Quant à Pawloski, dans Le Journal "de Petersen, un grand Veau en caoutchouc fort amusant"

·         La troisième exposition des "Artistes Animaliers" Galerie Brandt du 16 novembre an 15 décembre 1930 Antilope Cobé (n°9, Anon (n°l), Veau (n°92), Oie esquisse (n° 57) , Canard bec dans le cou (n°.19)

·         Mais c'est le Salon de 1 'Evocation dit de l'Escalier à la Comédie des Champs - Elysées en novembre et décembre qui aura le plus grand retentissement dans la presse, élogieuse avec : Veau, Hippopotame, Anon, Coq des Indes.

Le Veau est plus touchant que beau selon la critique. Dans l'Action française, Brecy place Petersen «émule de Pompon qui ne signe guère que des chefs-d'œuvre...» signale «son métier solide et son humour attendri... » «L'Antilope craintive est un petit chef-d'œuvre ciselé avec tant de tendresse que toute la vie de cette petite bête s'y montre touchante et vraie» (la Semaine à Paris).

Comme on peut le constater, c'est le "sentiment" qui prime et la simplicité. Les Petersen emménagent au 30 rue de Berne (VIIlème).

Le sculpteur s'éloigne de Montparnasse, mais il va volontiers au Jardin des Plantes pour garder le contact plus que pour étudier de nouveaux modèles. 
C'est sur la rive droite qu'il expose.

n février 1930, la galerie Brandt joint les animaliers aux bustes des sculpteurs de l'école française se réclamant de la tradition (Bourdelle, Wlerick, Drivier, Landowski, Jean Boucher, Sapiens). En juin et juillet, au XXème Salon des ...

... Artistes Décorateurs, l'Anon (n°l ) en bronze est délicieux, selon Luc Benoist (Le Crapouillot) - travail d'atelier. D'autres bronzes seront remarqués dans des ensembles. Petersen représente l'art français mais on le cite avec les artistes suisses comme Pierre Blanc, à côté de Charles Artus, futur membre du groupe des Douze Animaliers Français.

Au Salon des Tuileries, l'Anon sera de nouveau exposé et qualifié cette fois d'humoristique, bien observé, amusant et même "d'animal préhistorique curieusement campé dans le bronze" par Pierre Bearn dans Paris Presse. 
Avec les Animaliers, à l'exposition internationale de Liège, en juin, ainsi qu'au IIIème salon des Surindépendants en octobre, Petersen est toujours cité parmi les meilleurs mais sans précision. Il expose souvent les mêmes modèles. 
On le retrouve à la IIIème exposition des Animaliers à la galerie Brandt du 25 novembre an 25 décembre 1930 avec: Bouc de Syrie (n° 12), Oie de Magellan (n° 58), Tigre (n° 88), Anon (n° 1), Jeune Antilope (n° 8 ou 9), Veau (n° 92). 
Exposition jumelée avec celle de la galerie du Journal qui prend le relais. Toute la presse est mobilisée.

Les "Animaliers", inaugurés par Paul Léon, membre de l'Institut et directeur général des Beaux-Arts, attiraient une foule élégante et la clientèle des décorateurs attachés à la galerie. 
Georges Turpin dans "Les Services Publics" juge Armand Petersen un peu archaïque" tandis que dans le groupe autour de Pompon et de Sandoz, il est considéré comme "le dessus du panier". II participera avec les animaliers à l'exposition du Zoo de Berlin. 
Ses éditions en grès sombre et en Sèvres figurent dans les manifestations de la Manufacture et à la galerie Brandt dans l'exposition "Céramiques et Verrerie" (Lalique).

Fin décembre du 26 au 2 janvier 1931, en avant-première de l'Exposition Coloniale, l'Office Privé des Colonies réunit Camille Roche et Petersen, des amis.
L'un, peintre, l'autre sculpteur exposent à la galerie Brandt, les Biches et le Rhinocéros seront remarqués. Plusieurs modèles présentés dans l'année seront retravaillés par la suite: L'Antilope en 1937, l'Anon, agrandi, le Tigre en 1936, l' Hippopotame édité en craquelé (4 exemplaires), le Rhinocéros agrandi en 1936.

L'article écrit par Yvon Lapaquellerie dans "L'Amour de l'Art" (juillet 1930) reste un document précieux pour la connaissance de cette période et la vie de Petersen, de ses débuts, de ses œuvres. "Armand Petersen, sculpteur animalier" est présenté en sculpteur orfèvre, expliquant son goût de la finesse et de la précision... " car il travaille sa matière aussi précieusement que l'or". Avec des exemples et des photos (dont certains modèles seront retravaillés par la suite), il précise la sobriété du style qui n'exclut pas le réalisme anatomique et la construction monumentale des modèles, leur psychologie.

Il note l'insécurité des animaux vus au repos mais dont l'inquiétude est sensible chez les animaux sauvages, contrastant avec la tranquillité des bêtes domestiques. L'enfance, la prime jeunesse de l'Eléphant, le Veau, l'Anon et surtout sa technique : "La matière de Petersen est d'une finesse japonaise, mais on devine la dureté du métal sous la douceur de la patine, comme le muscle sous le pelage.son travail d'orfèvre accoutumé l'artiste à ne rien négliger dans son œuvre: ses statuettes sont aussi précises que les effigies d'animaux d'or que présentaient à leurs dieux les fidèles des cultes orientaux.

L'art de Petersen a quelque chose de religieux... comme l'art préhistorique... et c'est cette spiritualité dont son œuvre est imprégnée qui lui donne un cachet si rare et lui permet de trancher sur les productions des autres animaliers".

Cette excellente analyse montre l'état d'esprit du sculpteur à travers les modèles choisis en fonction, le Veau d'or en particulier dont le symbole n'avait pas été perçu. En avançant dans son œuvre, Petersen affirmera son goût pour le côté précieux en même temps qu'une appartenance à une idole vénérée, par les Egyptiens de préférence.

Les œuvres citées et reproduites, précieux témoignages de l'époque, regroupent à peu près tout le répertoire de Petersen révélant des modèles exécutés auparavant comme le Corbeau pour une fontaine de la ville de Baie, et d'autres dont les plâtres ne sont pas restés dans l'atelier en 1969 (Coq indien - Poulain).

Intégré au groupe des animaliers, reconnu par la critique, le sculpteur fera partie du panorama de l'art animalier paraissant à l'instigation d'Armand Dayot (président de la Société des Artistes Animaliers) aux éditions Moreau : Les Animaux vus par les meilleurs Animaliers sont pour beaucoup l'occasion de montrer leurs tendances dans les cinq albums de luxe classant les animaliers:

·         Tome 1 - animaux décoratifs. Petersen y figure avec les reproductions de la Jeune Antilope Cob, la Gazelle au dos rond, pour les quadrupèdes. Les oiseaux: le Coq des Indes, le Canard bec dans le cou, le groupe de Canards.

·         Tome II - les animaux d'après nature. Le Corbeau, l'Oie et Coq esquisses plâtre.

Peintres et sculpteurs figurent dans les cinq tomes représentant le courant réaliste et traditionnel, la variété des techniques allant de la taille directe au modelage, le dessin et la peinture de la faune vue dans la nature. Pas de cubistes ni autres.

La plupart de ces artistes exposaient au salon annuel de la Société des Artistes Animaliers, en tant que membres ou en invités. 
II avait précisément pour but de réunir des animaliers de toutes tendances, Petersen, suisse ne ...

... pouvait pas participer et n'y exposa jamais.

Cette vénérable Société fondée en 1913 par Armand Dayot toujours en place, présidée par Georges Gardet, membre de l'Institut dont les oeuvres trônant au Musée du Luxembourg tranchaient sur la modernité de celles de Pompon, illustraient l'ancienne manière.Pompon en s'imposant, avait substitué à l'ancienne vision détaillée de l'animal, naturalisme dépassé, une conception de la forme simplifiée, un côté suggestif de la réalité naturelle, en somme un nouvel aspect du réalisme teinté de symbolisme et de vérité.

A la suite de la démission de son bureau, la Société fut dissoute après son salon annuel du 2 au 14 mars, à la galerie Georges Petit. 
Le 26 mars 1931 le groupe des "Douze Animaliers Français" déposa ses statuts, Présidents Pompon et Paul Jouve, secrétaires Charles Artus et Jean-Claude de Saint Marceaux, petit-fils de René, statuaire, patron de Pompon, son praticien devenu animalier à part entière. 
Ce groupe composé des émules de Pompon déjà âgé représentait la "nouvelle" tendance, plus jeune, restreinte à la nationalité française, tout autant axée vers la tradition du métier et la vision de la réalité.

Petersen y fut invité car il restait très attaché au groupe du Jardin des Plantes et admirait Pompon. 
Avec sa femme il se rend à son atelier, le samedi, son jour, Pompon lui dédicace le livre de Robert Rey paru en 1928.

En tant que Suisse et ami de Sandoz, il se rapproche des artistes protestants suisses regroupés sous le nom d'Artistes Protestants Modernes à Paris et cotisera jusqu'en 1969 à l'Association des Peintres et Sculpteurs Suisses. A l'exposition des Artistes Protestants Modernes à Paris, du 20 février au 8 mars 1931, il retrouve François-Louis Schmiedjean Dunand, Marcel Gimond, Jacques Emile Ruhimann, Gérard Sandoz (homonyme), toute une série d'artistes peintres, sculpteurs, architectes (Le Corbusier) décorateurs.

Le Coureur indien (n°21) confondu avec celui d'Artus tant il en est proche fait partie des oeuvres en petite dimension très réussie. La galerie Simonson (groupe des Onze)  invite encore Petersen à son exposition en février 1931, du type de celle de la galerie Brandt avec des dessins, peintures, sculptures et art appliqués. 
La manifestation la plus attendue, l'Exposition Coloniale, eut lieu à Vincennes de mai à novembre avec la création d'un zoo que d'ailleurs Petersen fréquentera (il y eut même une loge) ainsi que les animaliers et Pompon. Sculptures et fresques démonstrations de la richesse des techniques comme la laque la mosaïque ou l'art animalier, a sa place.

Le Palais des Beaux-Arts voulait exposer l'art colonial, en faisant son Salon avec la Société des Artistes Décorateurs. Le salon des Décorateurs se trouvait dans le hall d'entrée dû à l'architecte Halley où l'Hippopotame grandeur nature de Pompon prônait en plâtre, espérant vainement une commande dans une matière noble et durable.

La sculpture "section art décoratif" se trouvait dans l'aile droite où Petersen exposait aux côtés de Georges Guyot. 
Au milieu des pavillons s'élève le pavillon danois depuis qu'il a cédé ses possessions des Antilles, le Danemark ne possède plus qu'une colonie et paradoxe c'est une colonie boréale: la grande île du Groenland, quatre fois plus étendue que la France..." A l'intérieur, outre les collections, la documentation sur la vie du Groenland, les produits de la colonie les visiteurs pouvaient admirer "quatre diaporamas sur dix mètres de profondeur représentant "des paysages d'été, d'hiver, la côte est, et Thulé, d'où partit l'explorateur Knud Rasmussen. Petersen avait participé à ces dioramas, la faune arctique y était présente avec les productions du Danemark dont les porcelaines de Copenhague éditées par Bing et Groendàhl l'Otarie (n° 59), le Pingouin (n°76), le Poisson (78) trois des modèles édités à Copenhague, en porcelaine.

Au salon des Tuileries en juillet, Petersen est cité aux côtés de Pompon, expose un Bison et une Panthère (pi.)
La Vème exposition des Artistes Animaliers du 18 novembre au 18 décembre 1931 à la galerie Brandt sera désormais le salon annuel des animaliers réunis par Edouard-Marcel Sandoz, avec trente huit exposants dont Pompon et son groupe et bien sûr les suisses, dont Pierre Blanc. 
"La sobriété de Petersen touche au grand art":  Tigre (br. n° 88), Bouc de Syrie (br. n° 12, Bison (grés de Sèvres n° 11). Ce Bouc a été édité à une date indéterminée par Rob. 
En octobre, la Manufacture de Sèvres demandant de nouveaux modèles il étudie les Perruches et un Poisson qu'il se propose de soumettre par la suite à la commission.

Quoique se réclamant de Pompon, exposant avec Sandoz, Petersen de nationalité suisse, ne peut faire partie du groupe de' Douze" sinon en invité, mais est-ce pour cette raison qu' il proclame son indépendance et ouvre sa propre école dans un atelier au 235, rue du Faubourg Saint Honoré ? 

En 1932, la crise économique touche les artistes qui exposent souvent leurs oeuvres en plâtre. Les éditions en céramique fourniront un revenu à bon nombre d'artistes, comme à Petersen qui va les multiplier tant à Sèvres qu'a Copenhague par de nouveaux contrats.

Les éditions permettront d'exposer des bronzes et des céramiques plutôt que des plâtres. 
C'est pourquoi, dès le 6 mars 1932, Petersen propose sept modèles à la Manufacture de Sèvres pour les soumettre à l'examen du conseil consultatif... " à mon sens, une dizaine de pièces donneraient une idée plus complète de ma facture...": Eléphant - Tigre - Poisson horizontal - Anon - Perruches (2) sont proposés en demandant instamment de collaborer au choix de la matière et d'avoir une pièce de chaque sujet, en suggérant des présentations avec et sans base. 
II réclamera les plâtres correspon dant aux modèles ..." j'ai l'habitude d'avoir mes plâtres en double exemplaire car on me les rend en fort mauvais état après la fonte »
En effet, les plâtres patines restés dans l'atelier en 1969 ont été soigneusement raccommodés, et peut-être, a l'occasion, retravaillés. 
Les pièces exécutées seront cédées "à titre de prêt".

Des modèles proposés cinq seront retenus. Le 1 juin 1932, les contrats seront signés pour:

·         1) Perruche à petite queue pour le biscuit, porcelaine craquelée et parfois colorée (n° 68): de 1933 à 1939 142 exemplaires en principe en biscuit; en 1935 53; en 1938 62. Reprise en 1968 jusqu'en 1983 (?) 20 exemplaires, les prix ayant varié de 60,42 a 660 Fr !

·         2) Perruche à grande queue horizontale sur colonne (n°69), souvent vendue par paire, uniquement en biscuit: de 1933 à 1939 avec 108 éditions; en 1935 43; en 1938 23.

·         3) L'Anon pour le biscuit et le grès de 1932 à 1938 44 dont 13 en grès fin; reprise en 1968 avec 2 exemplaires; en 1986 14 éditions post - mortem à raison d'une par an; 56 éditions toutes matières confondues.

·         4) Jeune Eléphant d'Afrique pour le biscuit et en grés: De 1932 A 1935 5 éditions. Le contrat a été dénoncé avant les 5 ans.

·         5) Poisson en porcelaine translucide avec socle cristallisé et en porcelaine colorée Petersen spécifie "édition en bronze par moi-même": de 1933 à 1935 19 éditions. Le contrat n'a pas été reconduit.

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Son engagement avec la Manufacture lui permettra d'exposer en fin d'année à la IVème Exposition des Etablissements d'Art et d'Etat à la Maison de France, les grés surtout et à Bruxelles au Palais des Beaux-Arts.

Toujours pour la céramique, les éditions de la Manufacture Nationale Bing et Grondàhl de Copenhague seront exposées au Salon d'Automne et vendues par Rouard dans son magasin. "A la Paix" Avenue de l'Opéra: 13 modèles en porcelaine blanche mate, adaptés à des modèles édités auparavant, soit en bronze soit à Sèvres. 
Otarie, Biche couchée tête baissée, Eléphant trompe en l'air, Hippopotame, Grenouille, Caïman, Oie, Poissons tenant par leurs nageoires. Toutes les éditions seront sans base. 
Ces éditions dans cette nouvelle matière feront l'objet de deux articles, l'un de Bernard Champigneulle dans Art et Décoration (1933 avec des photos Shall, et de Raymond Cognât dans Mobilier et Décoration, avec une analyse des oeuvres et leurs caractéristiques, la synthèse du mouvement et de la forme dans l'immobilité. 
Les éditions de Copenhague exclusivités, porteront la marque de la Manufacture et un monogramme de Petersen AP. Certaines éditions réalisées et vendues par Rouard, en exclusivié portent un cachet et un numéro, mais il ne s'agit pas de porcelaine plutôt de terres cuites (tête de singe n°82) et de grés.

Ce seront des bronzes qui figureront à la 1ère Exposition du Groupe des Douze Animaliers Français, galerie Ruhimann du 8 avr au 7 mai 1932 et à l'importante exposition d'Art Animalier à traver les âges, à la galerie Sambon, organisée en collaboration d'Edga Brandtl).

En novembre 1932, le grand "Panorama de la grotte d'Altammir à François Pompon" réunit les artistes contemporains d'apparence réaliste sous ordonnance idéaliste". Chacun sera jugé selon ses caractéristiques : réaliste, idéaliste, stylistique, décorative expressive dans des matières variées en peinture, sculpture, dessin Bois, bronze, fer forgé, faïence, gravure, modelage et taille directe.

Le catalogue préfacé par Arthur Sambon survolera l'art animalier de la préhistoire à 1932 et chaque artiste aura droit à un commentaire des oeuvres exposées. Ainsi pour Petersen: Canard, Biche, Veau-(br) "synthèse-caresse de la forme générale, logique» des gestes".

Dans les "Nouvelles Littéraires" Paul Fieren remarque "II semble que nos artistes retournent à l'idéalisme égyptien, établi par plan et cube. Sur l'armature synthétique rationnelle, les courbes vont se greffer, les surfaces s'amolliront, la lumière caressera les rondeurs polies", les animaux sont vus pour eux mêmes, de la souplesse de Sandoz à la vigueur apaisée d'Hilbert, la captivante stylisation de Pompon, la somptuosité de Saint-Marceaux, les plans accentués de Petersen. 
Cette précision doit être soulignée, car en effet Petersen, même en arrondissant ses formes détache toujours les membres et les plans à l'intérieur des lignes contenant les profils sans pour autant créer des zones d'ombre, mais pour souligner la tension de la musculature et la nervosité de la forme.

Certains s'indigneront de sa référence à Pompon et déclareront qu'il s'y oppose avec cette méthode. Avec le métal et par la galerie Brandt, Petersen participera à l'exposition des "Métaux dans l'Art" à Galliera en septembre 1932 retraçant l'importance des métaux dans l'art, du fer forgé et autres. 
Gabriel Lacroix a un Tigre en feuilles de cuivre martelées. des fondeurs tels qu'Hébrard, et Susse qui, en 1932 tient une grande galerie Boulevard de la Madeleine après avoir eu des magasins, Passage des Panoramas où sont proposées des oeuvres des meilleurs sculpteurs modernes, comme Petersen qui a fondu chez Susse en 1931, le Lapin et la Panthère se léchant.

A la Vlème exposition des Animaliers, galerie Brandt du 1er novembre au 18 décembre 1932, Petersen expose les diverses facettes de son métier en mélangeant bronze et céramique: Antilope Guib (br), Merle (pi.), Poisson (Sèvres), Perruche (Sèvres)

En 1933, Petersen va pouvoir se consacrer de nouveau à l'étude de modèles pour le bronze avec l'Ecureuil (disparu), le Fox-Terrier (non localisé) chien très à la mode, le Lion et la Lionne, pièces excellentes et personnelles quoique ... 

... pétries des principes de Pompon. Les expositions vont se succéder sans interruption, mais grâce aux éditions de Sèvres et de Copenhague il y aura suffisamment de pièces et si le bronze ne figure pas en première place, le plâtre bien présenté, l'anticipe.

Pour faire face à la récession économique, l'art décoratif se veut inventif et cherche à diffuser en province, marché inexploité puisque les grandes manifestations avaient toujours lieu à Paris à part quelques efforts de décentralisation à Lyon, le Salon du Sud Est à Saint-Etienne. D'où l'idée des Décorateurs de proposer à la province ce qu'ils vendaient dans les salons et les galeries par des trains expositions s'arrêtant dans les grandes villes afin qu'il n'y ai plus de retard dans la diffusion de la production des œuvres d'art et du mobilier.

Les expositions de Sèvres seront itinérantes, car la Manufacture participe aux Foires notamment celle d'Utrecht, avec l'appui de l'Association Française d'Expansion et d'Echanges Artistiques. A la Haye, à Bruxelles, Sèvres expose les éditions de ses artistes modernes et montre ses recherches dans le domaine de la céramique avec le grès de grand feu, dit grès tendre, matière nouvellement mise au point et appréciée pour ses tonalités, chaudes et diverses.

Au début de l'année du 1 au 31 mars 1933, a lieu la IIème exposition du "Groupe des Douze Animaliers Français" galerie Ruhimann où Petersen, suisse, est invité avec son ami Auguste Trémont, luxembourgeois. Mais il s'en démarque par son originalité avec son Anon et son Ecureuil qu'on ne pourrait pas confondre avec celui d'Artus car "sa personnalité est plus nerveuse et plus marquée".

L'âme du groupe, Pompon meurt le 6 mai. Tardivement constitué pour cinq ans, le groupe va rapidement se dissoudre. Les animaliers grâce à Sandoz qui a racheté la galerie Brandt avec la banque Meyer continueront à se réunir annuellement jusqu'en 1939. Edgar Brandt supprima la galerie qui avait tant servi à la cause des animaliers liés à l'art déco. 
Il consacra ses usines à l'architecture et à l'armement.

Les artistes se serrent les coudes. Les Suisses de la Société des Artistes Suisses à Paris exposent chez Bernheim Jeune du 18 mars au 7avril 1933. Pour Petersen trois modèles en bronze: Panthère, Canard, Anon représentatifs sans nouveauté. Les journaux qui disposent de galeries comme le "Journal" apportent leur contribution à l'art décoratif pour subvenir aux besoins des artistes.

La galerie d'art du "Journal" du 1 mai au 31 reprend le style de Brandt en exposant des céramiques, étains, luminaires, des meubles, peintres et sculpteurs venant du Groupe des Douze et de ses amis. 
L’Inspecteur des Beaux-Arts vient encourager et complimenter, Jouve (président du Groupe) Artus, (secrétaire) Margat (trésorier) Chopard, Petersen et Trémont etc... En effet, il y a un réel désir de soutien et de promotion à l'aide des arts décoratifs et appliqués.

Jean Cassou, dans Art et Décoration se fait le porte parole de l'effort de Sèvres qui veut faire participer les pouvoirs publics au renouvellement de l'art décoratif "par quoi notre époque tente à travers combien de difficultés et de compromis de se constituer un style. Il insiste "A Sèvres, les artistes sont modernes mais ils bénéficient d'un antique savoir et d'une technique éprouvée.

"Le célèbre" animalier Petersen sera très regardé dans les expositions de Sèvres. La Galerie du Cygne en juin et juillet ouvrira la série qui se poursuivra à la Haye, puis à Bruxelles où Petersen n'est pas un inconnu, tandis qu'à Paris, la Maison de France prendra le relais de façon permanente.

La Mutuelle des Arts d'Arcadie groupe trente peintres et sculpteurs du 1 au 23 avril 1933. On y remarque Adrienne Jouclard (des Douze) peintre, Pierre Blanc, Jean Martel, Armand Petersen. En avril, Christofle organise une exposition d'Art Danois au Pavillon de Hanovre, avec les pièces éditées par la Manufacture de Copenhague Bing et Grondàhl, en grés, porcelaine mate craquelée blanche et céladon, porcelaine décorée et émaillée. Petersen expose une partie des modèles édités "première série d'une série" avec des sculptures de Gauguin

L'événement de l'année est le jumelage du salon de la Société Nationale avec celui des Beaux-Arts où se retrouvent animaliers et décorateurs: Merle (pi n°56), Anon ( pl.2ème état n°l) avec d'autres modèles en vitrine, y sont exposés. Une section réservée à l'art des jardins due à l'initiative de la Nationale accueillait .... "de nombreux animaliers et un peuple nombreux de fauves, pachydermes, volatiles, échassiers... regroupés dans la rotonde d'Antin...les animaliers se nomment ici Louis de Monnard, Jacques Froment-Meurice, Jouve, Petersen, Vallete, Lémar, Jeanne Piffard..." 
Petersen, toujours cité dans le peloton des animaliers.

La véritable réunion est l'exposition annuelle à la galerie d'Art Malesherbes (ex, Brandt) du 17/1 au 17/12 1933 inaugurée par le ministre Anatole de Monzie guidé par Sandoz, le mécène et désormais le rassembleur des artistes animaliers de tendance traditionnelle et réaliste sans discrimination, suisses et autres. 
Ce salon exposition ne sera plus concurrencé et reprendra l'esprit de l'art animalier au service de l'art décoratif en se mélangeant aux créations des décorateurs attachés à la galerie Brandt. Le Scoth-Terrier de Sandoz voisinait avec le Fox à poil dur de Petersen, tous deux rivalisant de vérité. Le Fox (n° 28) "synthèse amusante" (Guy Monnereau-Echo de Paris) chien "moderne", en tout cas à la mode et Le Lion (n° 52) retiennent l'attention, sans aucune rivalité. 
Au sein des Animaliers régnait un esprit de camaraderie où chacun pouvait garder sa personnalité, Pompon leur ayant inculqué ce principe avec le conseil de ne pas le copier.

Petersen survit dans cette période de crise grâce en grande partie à ses éditions en céramique et à l'activité de sa femme journaliste. Mais il fond peu et bien des modèles restent en plâtre. Le Lion n'a pas été fondu. A Sèvres, avec neuf modèles quatre en 1929 avec contrat de cinq ans et cinq en 1932, mais on observe une absence d'éditions, une raréfaction en 1933.

A Copenhague, Bing et Grondàhl, 13 modèles, tous édités en 1933, exposés et promus à une suite qui ne s'est pas vérifiée chez Georges Rouard, sans grandes précisions.

Un Bouc de Syrie, présenté aux Animaliers 1930 en bronze se retrouve en faïence Robj, sans signature. Et au cours des années de difficultés financières, Petersen s'est adressé à des fabriques en faisant des concessions, mais ces pièces portent un numéro de modèle et d'édition. 
Les éditions en céramique seront un recours pour beaucoup d'animaliers parmi ceux du groupe : Pierre Blanc (Sèvres) Maurice Prost, Renée Vautier, Willy Wuillemer, Anne-Marie Profillet et Sandoz qui aurait pu en vivre.

En 1934, Les Petersen emménagent au 189 rue Ordener, XVIIIème - cité d'artistes - l'atelier sera indépendant de l'appartement. Sabine Petersen, mélomane, excellente pianiste, amène son piano et joue de concert avec un chef d'orchestre qui ... 

... habite en dessous. C'est une période heureuse.

Par la suite Petersen louera un atelier-logement, rue Ordener, dans la même cité, plus petit, après le départ de sa belle-mère.Les animaliers vont se retrouver en première ligne et retenir l'attention avec l'ouverture du Musée François Pompon au Muséum qui accepte de suppléer au manque de place du Musée du Luxembourg où trône l'Ours Blanc en pierre et plusieurs modèles achetés ou déposés du vivant de l'artiste. Ceci, pour le délai de rigueur (10 ans) avant d'entrer au Louvre.

Le ministre Anatole de Monzie regroupait deux ministères, les Beaux-Arts et L'Education Nationale dont dépendait le Muséum, encore maintenant, après que les ministères aient été séparés par André Malraux. 
Ce Musée s'ouvrit le 14 janvier 1934 avec une exposition des "Animaliers Contemporains" dans la galerie de Botanique aménagée à cet effet, ainsi que la reconstitution du petit atelier de Pompon, l'habitué du Jardin des Plantes et de son école de plein air. 
On ira voir le Musée plus que l'exposition qui ne soulèvera pas un grand enthousiasme d'où beaucoup seront absents. "La galerie de Botanique va-t-elle devenir l'occasion d'un pèlerinage sentimental? "Interroge Ivanhoé Rambosson. Ce sera la dernière réunion des Douze, la plus importante qu'on ait jamais vue: 150 artistes, peintres, sculpteurs, graveurs, médailleurs, décorateurs, Hernandez n'y participe pas.

En février, les Artistes Suisses exposent à la galerie Bernheim avec Sandoz et ses amis suisses: Petersen montre un savoir faire traditionnel, alors que Wuillemer et Huggler montrent une tendance moderne (Mercure Universel). Quoiqu'il reven

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